Sälem !👋
Pour rejoindre l'Asie de l'est sans avion, il est nécessaire de passer par l'Asie centrale. Et le géant Kazakhstan est bien souvent une étape incontournable. Ce pays grand comme 5 fois la France nous a donné le vertige. Il représente à lui seul presque deux tiers (64%) de la superficie de l'Union Européenne (post Brexit), c'est fou, n'est-ce pas ?
Si nous devions donner des mots clés pour peindre une image du Kazakhstan, ce seraient les suivants : déserts, montagnes, steppes, ville étrange futuriste, nomadisme, énergies fossiles, chevaux, passé soviétique et Kokpar (on en reparle plus tard 🤓).
Nous y avons passé un mois. Entre la recherche, le lancement de la communauté locale Climate Fresk, des ateliers et formations, nous avions de quoi faire. Cela ne nous a évidemment pas empêché en parallèle de nous nourrir de documentaires sur l'histoire du pays, de fréquenter des expositions culturelles et de glaner des informations sur internet et auprès de nombreux locaux.
On vous embarque pour un tour d'horizon de ce que nous avons compris en synthèse et ressenti durant notre périple au Kazakhstan. Comme d'habitude, retrouverez nos explorations plus personnelles dans les Chroniques Kosmogonia, partie Kazakhstan.
POPULATION
En tant qu'étranger, on découvre rapidement vite qu'il y a deux catégories physiques de kazakhs : des personnes "typées" russes et d'autres, typées asiatiques. C'est d'ailleurs par ces mots que nous a présenté cette distinction notre hôte lors de notre arrivée ) Atyrau.
Un pays où une grande partie de la population a les yeux bridés et parle russe est tout à fait déroutant !
Le pays compte 19,5 millions d’habitant·es (2024), ce qui en fait un des pays les moins densément peuplés au monde avec 7 habitant·es/km².
Majoritairement concentrée dans les villes comme Almaty, Astana (la fameuse étrange futuriste) Shymkent et Karaganda ; 60% de la population y vit.
Une grande partie du territoire reste faiblement peuplée, notamment les steppes centrales et les zones désertiques.
Il existe 120 groupes ethniques au Kazakhstan. Cela est lié à son histoire de migrations, de colonisation et de déplacements forcés sous l’URSS :
Kazakhs : représentent 70% de la population. Les Kazakhs sont un peuple turcophone descendant des nomades des steppes, dont l'immense majorité parle russe également.
Russes : Environ 16-18%, principalement dans le nord et les grandes villes.
Autres minorités :
Ouïghours, Ouzbeks, Tatars, Dungans (musulmans chinois), Ukrainiens, Allemands, Coréens (déportés durant l’époque soviétique).
Évolution démographique
La population a connu une augmentation importante ces dernières années et a franchi le cap des 20 millions en 2024. La culture kazakhe valorise les familles étendues et la solidarité intergénérationnelle, même si les modèles familiaux évoluent (particulièrement en ville).
Expérience personnelle : nous avons beaucoup été questionnés sur notre absence d'enfants et la volonté de ne pas en avoir à l'heure actuelle. Cela semblait ahurissant pour certain·es et nous avons été surpris de l'insistance concernant notre incapacité à bien vieillir sans soutien des enfants. Nous comprenons cette logique et la solidarité intra-familiale nous semble essentielle lorsqu'elle n'est pas subie violemment ; et en même temps, cette réflexion nous semble aussi égoiste. Faire des enfants pour qu'ils s'occupent de nous une fois vieux et vieilles ne nous donnent pas un élan particulier. C'était passionnant d'en débattre dans le train (42h, nous avions le temps).
Certain·es nous ont également rétorqué que la France (comme d'autres pays) allaient s'éteindre à cause de la faible natalité. C'était une inquiétude récurrente dans les échanges.
Le taux de fécondidé est de 3,05 enfants par femme (2022)
L'espérance de vie moyenne était de 71,4 ans (2018)
Comme beaucoup de pays, le Kazakhstan fait face à un vieillissement progressif de sa population, même si ce phénomène reste modéré.
Langues
Kazakh : c'est la langue officielle de l'État (appartenant à la famille des langues turques).
Russe : utilisé couramment (on s'adressait d'ailleurs à nous pratiquement qu'en Russe).
Expériences personnelles : alors que nous avions lu que les kazakhs apprécieraient que nous parlions quelques mots de la langue (ça nous semble logique), nos interlocuteur·rices rigolaient beaucoup dès que nous adressions des merci, au revoir et bonjour en kazakh plutôt qu'en russe (lors que nous le faisions en russe, il n'y avait simplement pas de réaction).
GEOGRAPHIE
Ce qui est frappant lorsqu'on traverse le pays par voix terrestres (qui marque l'un des avantages précieux en comparaison du déplacement par avion), c'est qu'il est majoritairement recouvert de déserts et steppes qui s'étendent à perte de vue, paraissant interminables. Il nous est arrivés de rouler en train durant des heures sans voir quoi que ce soit d'autres que de très légères collines et quelques derricks en fond de paysages (pas la série allemande hein, je parle bien de pétrole), le tout sous un soleil brulant.
Les steppes représentent 1/3 du pays et sont majoritairement au nord et au centre.
Les déserts et semi-déserts sont au sud et à l’ouest.
Les montagnes sont au sud est, dans la région formée par les chaînes des Tian Shan et de l’Altaï, qui longent les frontières avec la Chine, le Kirghizistan, et la Russie.
Expériences personnelles : Nous sommes rentrés dans le pays par Atyrau (ouest du pays) après avoir transité en 3 jours en Russie depuis la Géorgie. Puis un train de 42h (oui, vous avez bien lu) nous a emmené à Astana. Ce train aura été le plus long du voyage et surement un des plus intéressant et drôle ! Une vraie petite vie s'y installe et on est loin du confort plastifié du wagon-bar de la SNCF.
Elle est où la frontière entre l'Europe et l'Asie ? Encore une fois, le Kazakhstan est présenté par sa population comme "la frontière entre l'Europe et l'Asie" - on entend ça depuis la Turquie (avec le détroit du Bosphore et la mer de Marmara) 🤓 Ensuite, ça nous a été répété dans la chaîne du Caucase, souvent présentée comme "frontière naturelle entre les deux continents". Au Kazakhstan, la délimitation est actée par le fleuve Oural, qui serpente depuis la chaine de montagne du même nom jusqu'à la mer Caspienne.
💡Les limites physiques de l'Europe sont une convention socio-culturelle et politique, qui a d'ailleurs évoluée au fil des âges, de la connaissance géographique de notre planète. Géologiquement, le continent Européen n'existe pas, c'est un gigantesque finistère de l'Asie, formant un supercontinent appelé l'Eurasie. La perception de cette frontière continentale a évolué d'une vision mythologique de l'Antiquité vers une définition géographique et politique de nos jours. La situation géopolitique de la Georgie est d'ailleurs au coeur de cet entre-deux, comme nous l'avions évoqué dans l'article dédié.
Montagnes et reliefs
Deserts et semi-deserts
Lacs
NOTRE ITINÉRAIRE
RESSOURCES
Le Kazakhstan est une puissance minière et énergétique. C'est un des principaux producteurs mondiaux de pétrole, de gaz, d’uranium, et de métaux rares, ce qui fait de ce pays un poids lourd dans le secteur énergétique global.
1er producteur mondial d'uranium, représentant environ 45% de la production mondiale !
Un des principaux producteurs mondiaux blé dur et de coton grâce à ses vastes plaines (leurs steppes sont des lieux particulièrement fertiles pour cette agriculture).
L'un des 15 principaux producteurs de pétrole et gaz au monde ; il exporte principalement vers la Russie et la Chine. Près de 2% des réserves mondiales de pétrole sont au Kazakhstan.
La dépendance aux ressources naturelles fossiles est évidence; le gouvernement tente d'investir malgré tout dans la diversification économique avec son programme "Kazakhstan 2050".
Expériences personnelles : Nous avons été particulièrement ébahis de certains tronçons du réseau ferroviaire Kazakh, où nous avons assisté à l'arrière du décor énergétique fossile, lorsque le ciel se chargeait de fumées grises et noires.
Balance commerciale
Le Kazakhstan a une balance commerciale excédentaire, principalement grâce à ses exportations de ressources naturelles dont fossiles.
Exportations majeures du pays (majoritairement vers l'Italie, la Chine et la Russie) :
Le pétrole brut représente environ 53% des exportations totales
Les éléments chimiques radioactifs (dont l'uranium) représentent 4%
Le cuivre et les alliages environ 4%
Et les céréales (notamment le blé) environ 23%
Importations majeures (majoritairement par la Russie, la Chine et l'Allemagne)
Machines et appareils mécaniques : 16% des importations totales
Véhicules : 13%
Équipements électriques : 10%
Articles en fer ou en acier : 4%
Produits pharmaceutiques : 3%
Élections et politique
Le Kazakhstan est un mélange de pouvoir très centralisé, de réformes progressives et de gestion de crises. Depuis son indépendance en 1991 de l'union soviétique, le pays s’est construit autour d’un leadership fort (avec Noursoultan Nazarbaïev, en fonction de 1991 à 2019, 28 ans tout de même!), son président fondateur.
Le président actuel, c'est donc lui : Kassym-Jomart Tokaïev. Et ce depuis 2019.
Il a voulu marquer une rupture modérée avec son prédécesseur en modernisant certaines institutions et en répondant partiellement aux revendications populaires, tout en consolidant son autorité. Ses réformes restent cependant critiquées pour leur lenteur et leur portée limitée face aux défis socio-économiques du pays.
En deux mots : moderniser et démocratiser. Mais il a conservé de nombreux traits d’un régime autoritaire.
Concentration du pouvoir : il a renforcé ses propres pouvoirs, notamment après les troubles de janvier 2022 (détaillés plus bas)
Répression des oppositions : Les critiques du régime, qu'il s'agisse de partis politiques, de médias indépendants ou d'activistes, continuent de faire face à des restrictions fortes et à des arrestations.
Élections contrôlées : Les réformes électorales, bien qu'introduisant des éléments progressistes (quotas pour les femmes et les jeunes), n'ont pas remis en question le contrôle étroit de l'État sur les élections.
Contrôle de l'ordre public : La réponse aux manifestations de janvier 2022 a illustré cette tendance, avec une répression violente, des arrestations massives, et une limitation de l’espace pour la contestation.
Le bilan de Kassym-Jomart Tokaïev
Manifestations de 2022
Noursoultan Nazarbaïev : le père fondateur du Kazakhstan moderne
ECOLOGIE et environnement
Climat
La température moyenne du Kazakhstan a déjà augmenté de 1,3 °C depuis 1941.
Plus de 60% du territoire est menacé par la désertification (causée par le réchauffement climatique et la surexploitation des terres).
Les glaciers des montagnes Tian Shan ont perdu 30% de leur masse en 50 ans.
Ces glaciers jouent un rôle crucial dans l'approvisionnement en eau douce des pays d'Asie centrale, y compris le Kazakhstan. C'est un pays semi-aride, avec des ressources en eau limitées et inégalement réparties et dont 50% des ressources en eau proviennent de rivières transfrontalières (notamment de Chine, Russie et Ouzbékistan), créant des tensions géopolitiques
Les lacs, comme le lac Balkhach, et les rivières Syr-Daria et Irtych, sont cruciaux pour l’agriculture et l’industrie.
Avec l'augmentation des températures, les précipitations deviennent plus irrégulières, avec des périodes de sécheresse prolongées suivies d’épisodes de fortes pluies, causant des inondations. Dans un territoire déjà sec, les effets peuvent être amplifiés et dévastateurs.
Les rivières transfrontalières (comme le Syr-Daria et l’Irtych) sont de plus en plus sollicitées, augmentant les tensions avec des pays voisins comme la Chine et l’Ouzbékistan.
Les cultures dépendantes de l’irrigation, comme le blé (exportation clé pour le Kazakhstan), sont particulièrement à risque.
Engagements climatiques
Atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 (annoncée en décembre 2020, lors du Sommet de l'Ambition Climatique)
Dans le cadre de l’Accord de Paris, atteindre une réduction de 15% des émissions de GES d’ici 2030
Il existe une "Stratégie de la République du Kazakhstan pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2060", adoptée en février 2023
Porter la part des énergies renouvelables à 50% de sa production énergétique d'ici 2050. Actuellement, cette part est d'environ 4%.
Prévoit de cesser l'utilisation du charbon pour la production de chaleur à partir de 2050
Pour encourager la réduction des émissions, le Kazakhstan a mis en place des mécanismes de tarification du carbone.
Ou en est le pays ?
Ces 10 dernières années, les émissions de GES du pays ont augmenté de 14%.
Principalement attribuée à la dépendance du pays aux combustibles fossiles (en particulier le charbon, pour la production d'énergie, notamment électrique), ainsi qu'à une croissance industrielle importante.
Malgré les engagements du Kazakhstan en matière de réduction des émissions, tels que l'objectif de neutralité carbone d'ici 2060, la tendance ne s'inverse pas au rythme qu'il faudrait.
Note : La baisse des émissions de GES entre 1988 et 1999 est liée à l'effondrement de l'URSS, une désindustrialisation rapide et un exode.
Et du côté de l'empreinte carbone moyenne de la population Kazakh ?
Le Kazakhstan est parmi les pays ayant les émissions par habitant·e les plus élevées, dépassant largement la moyenne mondiale (6t).
L'empreinte carbone moyenne y est de 17 tonnes équivalent CO2 / habitant·e.
A noter qu'il est difficile d'obtenir des données précises qui font consensus.
Les raisons ?
Le Kazakhstan produit 70% de son électricité à partir du charbon, une source d’énergie à forte intensité en carbone.
De vieilles centrales thermiques et vieilles installations de chauffage, peu efficaces.
Une mauvaise isolation générale des bâtiments.
Les hivers froids (jusqu'à -60 degrés!) augmentent la consommation d’énergie pour le chauffage, surtout dans un pays où les infrastructures énergétiques ne sont pas optimisées.
POLLUTION
La pollution de l'air est une préoccupation majeure, en particulier dans les zones urbaines et industrielles. Des villes comme Almaty peuvent connaitre parfois des niveaux de pollution atmosphérique comparables à ceux de Delhi, avec des conséquences significatives sur la santé publique. Les sources principales de cette pollution : véhicules, industries et secteur tertiaire.
Les émissions de CO₂ provenant des industries et des centrales à charbon sont parmi les plus élevées au monde par habitant.
Les rivières et les nappes phréatiques sont contaminées par les rejets chimiques, notamment dans les régions minières et pétrolières comme Aktau et Atyraou.
L’extraction minière laisse des paysages ravagés, avec des zones non réhabilitées et des sols infertiles.
LA MER D'ARAL
Autrefois le 4ème plus grand lac du monde, a commencé à s’assécher dans les années 1960 en raison des détournements massifs des rivières Syr-Daria et Amou-Daria pour l’irrigation agricole sous l’Union soviétique. Depuis, elle a perdu environ 90% de sa surface. C'est un lieu visitable, tristement célèbre.
Cela a pour effet la création d’un désert, l’Aralkoum, qui produit des tempêtes de poussière et de sel, dispersant des pesticides et des produits chimiques sur des milliers de kilomètres.
De nombreux écosystèmes aquatiques et espèces ont disparu.
Depuis, il y a une augmentation des maladies respiratoires, des cancers et des troubles rénaux chez les populations locales et évidemment un effondrement des industries locales comme la pêche, qui employait auparavant des milliers de personnes.
Le barrage de Kokaral, construit en 2005 avec le soutien de la Banque mondiale, a permis de stabiliser et même de restaurer partiellement la partie nord de la mer d’Aral. Cependant, la partie sud reste presque totalement perdue.
Sensibilisation écologique
Une grande partie de la population reste peu informée sur les enjeux environnementaux, bien que les jeunes générations soient légèrement plus sensibles à ces questions.
Les ONG locales tentent de jouer un rôle important, mais leur impact reste limité par des contraintes politiques.
Expérience personnelle : nous avons fortement contribué à lancer la communauté locale de la Fresque du Climat ! Désormais environ 45 personnes sont capables de faciliter l'atelier (egalement grâce à l'engagement de Victor et Léa de la route du Soja).
Expérience personnelle : nous avons dispensé des formations à la facilitation de la Fresque du Climat dans les locaux de l'éco-museum de Karaganda. Au delà de l'exposition éphémère"Un monde sans fin", issue des travaux mis en BD de Jean-Marc Jancovici et de l'expo permanente autour de la biodiversité et des ressources, le musée dispose d'une grande collection de pièces fragmentées issues des zones d'essais nucléaires. Bien sur, ces pièces ont été décontaminées et nous ont été présentées par Anna.
Nous en avons profité pour l'interviewer dans le cadre de notre programme de recherche. Nos échanges nous ont permis de comprendre qu'il était extrêmement difficile de mener des actions écologique dans le pays à cause du manque de support des autorités, de certains blocages et d'un héritage culturel où l'engagement citoyen n'est pas (du tout) aussi développé qu'en Europe de l'ouest.
Fun fact : nous avons dispensé les formations dans un mélange d'anglais et français, traduit en live en russe 😁 accueilli·es dans superbes locaux de l'éco-museum de Karaganda.
ESSAI NUCLEAIRES
Le Kazakhstan fut l’un des principaux sites d’essais nucléaires de l’Union soviétique, avec des impacts dévastateurs qui persistent encore aujourd’hui.
Le site de Semipalatinsk (à l'est du pays) est une des zones les plus contaminées au monde.
Taux élevé de cancers (leucémie, cancer de la thyroïde), malformations congénitales, handicaps chez les nouveau-nés, troubles cardiovasculaires et immunitaires,...
Les effets de cette contamination se transmettent encore aujourd’hui, affectant les descendants des populations exposées.
Avec le soutien international, des efforts ont été faits pour sécuriser et décontaminer certaines zones du site. Cependant, de vastes zones restent dangereuses et interdites d’accès.
HISTOIRE en bref
Peuplé dès l’Antiquité par des tribus nomades (Sakas, Huns), le Kazakhstan devient un carrefour de la Route de la Soie et subit les invasions mongoles. Son passé nomade est le plus visible et revendiqué. Voici ci-dessous une présentation résumée et imparfaite des grandes étapes des derniers siècles.
Khanat kazakh (15ᵉ-18ᵉ siècles) : Les tribus kazakhes s’unifient sous un khanat, structurant l’identité kazakhe, mais se divisent en trois « juz » (hordes).
Domination russe (18ᵉ-20ᵉ siècles) : Annexé progressivement par l’Empire russe, le Kazakhstan devient une colonie, subissant russification et expropriations, avant d’être intégré à l’URSS en 1920.
Période soviétique : Industrialisation, agriculture forcée (ex. : famine des années 1930), et essais nucléaires à Semipalatinsk marquent cette époque. Le pays devient un centre agricole et scientifique clé de l’URSS.
Indépendance (1991) : Après la chute de l’URSS, le Kazakhstan déclare son indépendance. Noursoultan Nazarbaïev devient son premier président, consolidant l’économie autour des ressources naturelles (pétrole, gaz).
Aujourd’hui : Le Kazakhstan est une république présidentielle.
Religions
Le Kazakhstan est un pays officiellement laïc, mais la religion y joue un rôle important, aussi bien sur le plan culturel que social. Les institutions religieuses n’interfèrent donc pas dans la politique ni dans les décisions gouvernementales.
Après l’indépendance en 1991, le Kazakhstan a connu un renouveau religieux car sous l’URSS, les pratiques religieuses étaient largement réprimées.
Le gouvernement kazakh surveille les mouvements religieux pour prévenir la montée de l’extrémisme. En 2011, une nouvelle loi sur la religion a imposé l’enregistrement obligatoire des organisations religieuses et des restrictions sur le prosélytisme.
Les religions conservent une influence culturelle, surtout dans les zones rurales où la religion rythme davantage la vie de la population. Dans les grandes villes, elle est très peu visible.
Islam : Pratiqué par environ 70% de la population, principalement de tradition sunnite.
Christianisme : Environ 26%, majoritairement orthodoxe russe, avec des minorités catholiques et protestantes.
Expérience personnelle : il existe de nombreuses églises et mosquées, certaines particulièrement magnifiques. La place de la religion ne nous a pas semblé oppressante, jugeante ou dérangeante. Les populations ont l'air de cohabiter dans leurs différences sans trop de problèmes. La pratique religieuse reste donc modérée et généralement peu ostentatoire de notre expérience.
CULTURE
N'allez pas évoquer Borat, qui a fait beaucoup de mal à l'image du Kazakhstan. D'autres diront que ça a au moins permis de parler du pays. La réalité se situe surement entre les deux... Quoi qu'il en soit, nous l'avons tout de même regardé en étant sur place (et... bof!).
Côté spécialités culinaires : nous retenons particulièrement les plats à base de viande de cheval (nous n'avons pas gouté mais c'est très répandu). Les racines nomades se reflètent particulièrement dans la nourriture, mettant en avant la viande, les produits laitiers fermentés et les plats adaptés à la vie dans les steppes. Et oui, c'est plus dur de faire pousser des choses quand on est nomades ou qu'on expérimente des températures allant jusqu'à -60 sur une longue période de l'année.
Beshbarmak : Le plat national, signifie « 5 doigts » car il se mangeait autrefois à la main. À base de viande (mouton, cheval ou bœuf) servie sur des nouilles plates, accompagnée d’un bouillon (sorpa).
Manti : Raviolis farcis à la viande (généralement bœuf ou mouton mais nous avons trouvé sporadiquement des versions végétariennes), cuits à la vapeur.
Plov : Riz sauté avec de la viande, des carottes et des oignons.
Koumis : Lait de jument fermenté, boisson emblématique des steppes nomades, légèrement alcoolisée.
LES YourteS (yurt)
Cette habitation traditionnelle des nomades kazakhs, est un emblème majeur de la culture.
Elle est encore utilisée lors de festivals ou dans les régions rurales. Nous avons pris un malin plaisir à séjourner dedans lorsque c'était possible et avons même songé à en faire livrer une en France (projet malheureusement abandonné). Nous avons eu la chance de vivre en yourte durant notre passage au Kirghizistan, jetez un oeil dans la partie dédiée des chroniques.
KOKPAR (kok Buru)
Vous l'attendiez, le voici ! Le fameux jeu Kokpar (ou Kok buru au Kirghizistan).
Les deux termes signifient littéralement "chasser la chèvre" (kok : bleu, symbole de la chèvre, et buru/par : attraper ou chasser).
Il ne s'agit pas vraiment de chasser mais plutôt de déposer une carcasse de chèvre (morte donc) dans un but. Ce jeu se joue à cheval. Et autant vous dire que porter une chèvre à bout de bras, tout en étant sur un cheval au galop, ça ne doit pas être facile. Evidemment, l'usage de la carcasse est à questionner de nos jours, un grand débat entre culture, tradition et raison...
Expérience personnelle : nous avons l'occasion de participer au Festival des oiseaux de proie et avons donc pu participer au montage d'une yourte, observer des jeux et danses traditionnelles, des tentatives de chasse à l'aigle (peu fructueuse cette fois) et évidemment, découvrir un match de Kok Boru.
Des événements comme Nauryz (Nouvel An kazakh en mars) célèbrent le renouveau et les traditions ancestrales.
Sources
Pays enclavés : https://www.universalis.fr/index/pays-enclaves/
Situation économique du Kazakhstan : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/KZ/la-situation-economique-et-financiere-du-kazakhstan-2
Economy of Kazakhstan : https://en.wikipedia.org/wiki/Economy_of_Kazakhstan
Géographie du Kazakhstan : https://en.wikipedia.org/wiki/Geography_of_Kazakhstan
Partenariat franco-kazakh : https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/05/entre-emmanuel-macron-et-kassym-jomart-tokaiev-un-partenariat-franco-kazakh-sous-l-il-de-moscou_6378062_3210.html
Réformes au Kazakhstan: des intentions aux actions : https://www.gov.kz/uploads/2021/3/9/69bf4dcfaa811baad49c2e0b5badda90_original.463274.pdf
Une année de réformes politiques majeures au Kazakhstan : https://www.euractiv.fr/section/international/opinion/une-annee-de-reformes-politiques-majeures-au-kazakhstan
Révolte de 2022 au Kazakhstan : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_2022_au_Kazakhstan
Janvier sanglant : https://www.lemonde.fr/international/article/2024/06/22/au-kazakhstan-l-impossible-justice-pour-les-victimes-du-janvier-sanglant_6242557_3210.html
Massacre de Janaozen : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Janaozen
Le monde turcophone : https://www.lemonde.fr/europe/article/2004/05/13/le-monde-turcophone_364744_3214.html
Demographics of Kazakhstan : https://en.wikipedia.org/wiki/Demographics_of_Kazakhstan
Kazakhstan : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kazakhstan
La population du Kazakhstan vient de franchir la barre des 20 millions d’habitants : https://lapresseturquoise.fr/2024/07/05/population-kazakhstan-bilan-bureau-statistiques
OEC World / Kazakhstan : https://oec.world/en/profile/country/kaz
Kazakhstan trends economy : https://trendeconomy.com/data/h2/Kazakhstan/TOTAL
Noursoultan Abichevitch Nazarbaev : https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Noursoultan_Abichevitch_Nazarbaev
Nursultan Nazarbayev, president of Kazakhstan : https://www.britannica.com/biography/Nursultan-Nazarbayev
Présidence de Noursoultan Nazarbaïev : https://history-maps.com/fr/story/History-of-Kazakhstan/event/Presidency-of-Nursultan-Nazarbayev
Noursoultan Nazarbaïev : https://fr.wikipedia.org/wiki/Noursoultan_Nazarba%C3%AFev
La gestion de l’eau, potentielle épine dans les relations entre Chine et Kazakhstan : https://novastan.org/fr/environnement/la-gestion-de-leau-potentielle-epine-dans-les-relations-entre-chine-et-kazakhstan/
China-Kazakhstan Water Conflict and the Lake Balkhash Basin : https://www.geopoliticalmonitor.com/glacier-watch-china-kazakhstan-water-conflict-and-the-lake-balkhash-basin/
Substantial glacier mass loss in the Tien Shan over the past 50 years : https://hal.science/hal-01185229
Approval of the Strategy of the Republic of Kazakhstan on Achieving Carbon Neutrality by 2060 : https://unfccc.int/sites/default/files/resource/Carbon_Neutrlaity_Strategy_Kazakhstan_Eng_Oct2024.pdf
Kazakhstan : une transition énergétique ambitieuse : https://fr.euronews.com/business/2022/12/02/kazakhstan-une-transition-energetique-ambitieuse
Le Kazakhstan mettra fin à l’utilisation du charbon à partir de 2050 : https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/interview/le-kazakhstan-mettra-fin-a-lutilisation-du-charbon-a-partir-de-2050
Kazakhstan Discusses Actions to Reduce Air Pollution with Partners : https://www.worldbank.org/en/news/press-release/2023/04/25/kazakhstan-discusses-actions-to-reduce-air-pollution-with-partners
Le Kazakhstan appelle à une action collective pour atténuer la crise de l’eau en Asie centrale : https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/le-kazakhstan-appelle-a-une-action-collective-pour-attenuer-la-crise-de-leau-en-asie-centrale
Semipalatinsk: The USSR's Nuclear Test Site : https://youtu.be/9Tgkrz95tIQ?si=WXrdLo-NzEnml1-w
Au Kazakhstan, les victimes oubliées des essais nucléaires menés par l’URSS : https://www.wedemain.fr/decouvrir/au-kazakhstan-les-victimes-oubliees-des-essais-nucleaires-menes-par-lurss/
Documentaires :
Geography now sur le Kazakhstan : https://youtu.be/BElOyEjTujk?si=YfFqrMp9EA-HL2o-
Asie centrale : à la croisée des mondes - Le Dessous des cartes | ARTE : https://youtu.be/aDu0XQK6kBA?si=A1mwMyVswJjyqvpW
Why Kazakhstan is insanely empty ? https://youtu.be/BElOyEjTujk?si=4xQ3IT5li95gjnwO